Pakadjuma Lotus
A Kinshasa (en République démocratique du Congo), non loin de la fameuse « République de la Gombe »*, à quelques minutes seulement de la Gare centrale, se trouve Pakadjuma, un bidonville de la capitale congolaise, connue principalement pour la prostitution qui s'y pratique. Les habitants y vivent dans des conditions socio-économiques difficiles et dans l'insalubrité. Le commerce du sexe remonte aux fondations de la localité et perdure jusqu’à nos jours, elle fait la renommée et la mauvaise réputation de Pakadjuma.
Depuis 2017, l'asbl Cadre de récupération pour l'épanouissement des jeunes (CREEIJ Asbl) apporte son aide aux femmes vulnérables de la localité de Pakadjuma à travers son centre d'autonomisation La Grâce. Le centre accueille des femmes, des jeunes filles, des mères, seules ou en couple, avec enfants, sans enfants, des jeunes mamans ou encore d’autres avancées en âge, sans instruction, certaines d’elles des professionnelles du sexe, d'anciennes professionnelles du sexe, ou pas. Ces dernières participent aux formations professionnelles dispensées par le centre et animent dans les rues de Pakadjuma les séances de sensibilisation contre les violences sexuelles, les violences domestiques, et celles basées sur le genre.
A Pakadjuma, on y vit exclu et s’excluant soi-même. Exclus les habitants de Pakadjuma le sont à cause de la mauvaise réputation de la localité, des braquages, du vol, du commerce du sexe,… qui en fait l’endroit bannit des Kinois qui n’y résident pas. Ils s’excluent du fait des stéréotypes associés à Pakadjuma et ses habitants, ainsi que des stigmates subis. Mais aussi en raison de l’éloignement géographique qui rend difficile pour eux le fait de trouver un emploi en ville voire les en empêche. Ils s’excluent par la crainte même d’affronter la ville, ses codes et ses réalités socio-économiques.
Pour les femmes de la localité par exemple, la relation avec les garçons est rendue difficile par le commerce du sexe. Dans la rencontre avec les garçons et dans la rencontre amoureuse, pèse toujours sur elles le soupçon d’être des prostituées. Mais pas toutes les filles et femmes de Pakadjuma le sont…
* Nom donné au centre-ville de la capitale congolaise, avec ses immeubles de résidences luxueuses où vivent les nombreux expatriés et congolais fortunés, avec ses ambassades, ses bars et discothèques, ses hôtels de luxe, son terrain de golf,... Un monde à part où se déverse chaque matin de nombreux congolais allant travailler.
© Yannick Ilito, 2023